Du 30 janvier au 20 février Hôtel du Département – Hall René-Cassin | De 13h à 18h30
Dans le cadre de la 37ème édition du Festival International du Court Métrage, le Conseil Général du Puy-de-Dôme invite le génial artiste chinois Liu Bolin pour une exposition exceptionnelle à voir toutes affaires cessantes.
Né en 1973 dans une famille modeste de Binzhou, ville au sud-est de Pékin,Liu Bolin appartient à la génération née sous Mao et devenue adulte dans les années quatre-vingt-dix, sur les cendres de la Révolution Culturelle. Sa carrière et sa production artistiques sont étroitement liées au contexte d’une Chine en pleine mutation, connaissant un développement économique fulgurant et une urbanisation frénétique, avec tous les bouleversements que cela implique pour la société, notamment une ouverture intellectuelle et un épanouissement des arts totalement inimaginables auparavant. Étudiant en art, Liu Bolin part pour Pékin en 1999 et entre à l’Académie Centrale des Beaux-Arts pour suivre les cours du grand maître de la sculpture : Sui Jianguo.
C’est durant cette période qu’il découvre le milieu des communautés alternatives qui, sur le modèle de l’expérience du Beijing East Village (1993-1998), ont permis à de nombreux artistes d’expérimenter l’art de la performance à l’abri de la censure et du conservatisme des institutions politiques. Son destin artistique bascule le 16 novembre 2005, jour où pour exprimer son impuissance devant les démolitions et les expulsions par la police chinoise des habitants du quartier Suojiacun où il travaille, Liu Bolin réalise sa première photo-performance de camouflage, et pose immobile, recouvert de peinture, jusqu’à se confondre avec les ruines des ateliers. C’est le début de la série « Hiding in the City »qu’il continue encore aujourd’hui, et qui pose à travers ses apparitions fantomatiques à la fois poétique et inquiétante, la question des relations entre l’individu et les pouvoirs politique et économique,et s’interroge sur des sujets universels comme le rapport entre la société civile et le pouvoir financier, l’écologie et l’exploitation des ressources, la tradition et l’innovation, la conservation et la destruction du passé. Une invitation à méditer sur le rapport de l’homme à son environnement, l’artiste ne cherche pas une manière de disparaître pour montrer la perte d’une conscience individuelle, mais insiste sur les dégâts causés par le développement économique urbain sur les individus, une sorte d’emprise silencieuse, où l’homme a perdu sa capacité d’adaptation « Je ne me fonds pas dans le paysage. Au contraire, c’est l’environnement qui m’envahit » nous dit Liu Bolin.
Aujourd’hui Liu Bolin expose à New York, Stockholm, Milan,Moscou, Pékin ou Paris, et ses œuvres ont désormais rejoint des collections d’art reconnues, privées comme publiques. Il vit entre New-York et Pékin et voyage dans le monde entier pour participer à de prestigieux projets. Et c’est une indicible chance pour tous les clermontois de pouvoir découvrir son travail à l’Hotel du Département du 30 janvier au 14 février. Incroyable phénomème que celui d’un artiste devenu prééminent en jouant à l’ »homme invisible » !