Avec une vie dont on fait les romans, où se bousculent flirt avec la mort, interminable convalescence et rédemption par la musique, Melody Gardot est nécessairement une artiste hors norme, une diva au corps meurtri et à la voix rocailleuse, de celles qui vous touchent à l’âme et vous envoutent à jamais. À tout juste 30 ans elle a sorti cet été Currency of Man, magnifique quatrième album qui raconte en 15 chansons parfaites la perte, la marge, l’amour sans illusions, le racisme ou l’errance. Côté musique, cette incorrigible perfectionniste a convoqué l’excellentissime Larry Klein (Joni Mitchell, Herbie Hancock, Madeleine Peyroux…) pour mettre en sons un rythm’& blues jazzy à chair de poule qui tutoie des sommets. Les ambiances sont groovy (It Gonna Come, Preacherman, Same to You, She Don’t Know) ou intimistes (Morning Sun, If Ever I Recall Your Face, Once I Was Loved) selon les envies de la dame qui nous garde sous influence sans jamais nous lasser. Délicieux ensorcellement qui devrait faire de son concert au Zénith d’Auvergne le 24 mars un moment inoubliable. FD.
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Deux mois seulement après la parution de son cinquième album Depression Cherry,surprenant son monde et son label, Beach House est revenu avec Thank You Lucky Star, sixième essai en forme de condensé de dreampop équilibriste. Pas habitué à une telle opulence de la part du duo de Baltimore, on était en droit de redouter le recyclage de titres recalés de son prédécesseur, mais la surprise est belle, voix sépulcrale de Victoria Legrand et bande-son rêveuse où domine orgues vintage, guitares brumeuses et beats minimalistes, la patte Beach House habite de bout en bout ce nouveau petit chef d’oeuvre enregistré en même temps que son prédécesseur mais caché comme un enfant secret. Les neuf titres d’une beauté à l’incandescente froideur vous plongent dans un état contemplatif au détachement béat post Lexomil, on en oublie la laideur du monde pour ce pelotonner dans ce cocon ouaté. FD.
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Après deux albums d’une folk mélancolique, le Canadien Jonas Bonnetta tente un virage pop avec ce troisième effort en tant qu’Evening Hymns. Alors que sur que le magnifique Spectral Dusk il était question de famille et de perte d’un être cher, Quiet Energies apparait d’entrée comme une collection de chansons bien plus lumineuses sur laquelle Jonas Bonnetta, sans changer complètement de registre, livre un album au son plus électrique, n’ayant pas peur de basculer de la folk à une indie pop dont les arrangements évoquent autant Midlake que le dernier effort des Belges de Girls In Hawaii. Ainsi Quiet Energies réussit le pari d’apporter une petite touche de nouveauté dans la discographie du groupe, sans pour autant dérouter l’auditeur, habitué à plus calme. Un disque beau, simple et touchant. SP.
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Comme si l’on avait encore besoin d’une nouvelle preuve, Mello Music Group s’impose un peu plus avec la sortie de ce Breakfast at Banksy’s comme LE label indépendant de Rap . Derrière ce concentré de Hip-Hop, Soul, Funk et Rock se cachent le MC Ras Kass et le producteur Jack Splash, apparaissant sous l’énigmatique sobriquet Semi Hendrix. Breakfast at Banksy’s sonne comme un pur produit californien, un rap à l’ancienne qui fait la part belle à des instru’ bouillonantes à la fois classiques et modernes, bourrées d’influences riches et variées. Un clash de cultures, de sons, d’origines différentes, en somme, l’opposé des merdes que l’on écoute généralement à la radio. Et Ras livre ici des textes particulièrement inspirés, abordant des thèmes socio-politiques que l’on a un peu perdu l’habitude d’écouter dans le rap d’aujourd’hui. Le duo frappent donc très fort avec cette première collaboration fun et engagé. SP.
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